Le Paraguay, vu de là-bas

 

Le terere

les Art-terriens, le 16 mai 2011,

 

Notre visite au Paraguay est arrivée à son terme, et nous voilà tout juste de retour en France. Pendant notre séjour, nous avons été très occupés et nos écrits se sont fait dépasser par le temps. Mais comme nous voulons tout vous raconter, nous allons continuer d’écrire et de mettre en forme nos notes sur ce site, si bien que vous pourrez continuer à suivre l’aventure, même en différé. Peu importe puisque nous n’avons pas de scoop, juste la richesse du temps passé avec les gens.

 

art-terre - legende del Ka'a

 

« Il était une fois un homme qui avait une fille très belle. Elle lui procurait joie et espérance. Pour la protéger des dangers de la vie, il était allé vivre avec sa femme et sa fille au milieu de la forêt. Là, l’homme cultivait mais, manioc, potirons et autres plantes pour nourrir sa famille. Ils étaient pauvres, mais ils étaient libres et heureux.

Quand le climat était favorable, les récoltes étaient abondantes et tout allait bien. Mais parfois, tel n’était pas le cas, et ils devaient se nourrir de fruits et de miel qu’ils trouvaient dans la campagne.

Un jour, un personnage vint jusqu’à la chaumière. Il demanda poliment au père s’il pouvait passer la nuit chez eux, et expliqua que le lendemain, il poursuivrait son chemin dès le lever du soleil.

Le père accepta et offrit la meilleure hospitalité au visiteur. La femme tua leur dernière poule pour la lui servir. Ils lui prêtèrent même leur lit.

Au petit matin, le voyageur prit son baluchon, mais avant de partir, il dit au père : - Je suis un envoyé du ciel, je suis venu jusqu'à chez toi où j’ai reçu le plus généreux accueil et pour cela je veux te remercier. Ta fille, à laquelle tu tiens plus qu’à ta propre vie, je vais la rendre immortelle pour qu’elle ne disparaisse jamais de la Terre.

Et le visiteur reprit sa route.

La jeune fille se transforma en un arbre de yerba maté.

Depuis lors, la plante, bien que les hommes la récolte, continue de pousser, et bien qu’ils fassent sécher ses feuilles, continue de rafraîchir et de donner vigueur à ceux qui la boivent. »

 

Légende du Ka’a / Leyenda del Ka’a

 

 

art-terre - terere - el fortin

 

Au Paraguay, il est un rituel tant commun qu’il en devient un art de vivre : le terere.

La yerba mate dans une guampa, on y verse de l’eau glacée que l’on boit avec une bombilla


Que l’on soit au coin de la rue, en famille, à la cancha ou au bureau, parmi les riches comme parmi les pauvres, le terere a cette particularité qu’il fédère au-delà des différences…

On s’assoit à l’ombre, on s’invite, le temps s’arrête pour se consacrer au plaisir d’être ensemble. Avant de commencer quoique ce soit, quand on arrive chez quelqu’un, quand on se retrouve sur la place, avant de répéter…on boit le terere.


Le verre de fer, de corne ou de palo santo parcourt son circuit étoilé jusqu’à ce qu’un merci soit lancé, repassant toujours par celui qui a le thermo d’eau glacée. Tel un chef d’orchestre, ce dernier recharge entre chaque invité, et donne le rythme du terere.

Dans le sens des aiguilles ou dans l’autre, chacun arrange la règle à sa sauce. Mais un verre qui se tend à la mauvaise main offre la chance à celui qui le prend. La yerba qui déborde de la guampa prédit de l’argent au maladroit…


Le terere du matin s’agrémente de remedios : les racines, tubercules ou feuilles de plantes médicinales sont pilées pour être mêlées à la yerba. On les choisit pour leurs propriétés ou pour leurs saveurs, pour surmonter les petits maux quotidiens.

Les thermos et guampas sont investis affectivement et prennent des couleurs individualisées : nom prénom, mémoire d’un évènement, lieu de travail ou équipe de foot préférée… du rouge et bleu au blanc et noir, en passant par le jaune, chacun se reconnaît dans son terere !

Dans la forte chaleur de l’été paraguayen, la fraîcheur du terere devient vitale,  elle se propage progressivement de la bouche à la chair, pour finalement rafraîchir les idées. Le corps est hydraté sans se forcer à y penser.

Quand l’utile se joint à l’agréable et à la convivialité, pourquoi se priver d’un terere ?

art-terre - terere

 

 

 

 

 

 

 

A votre santé...

Gaëlle et Fabien

 

 

 

 

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